Un marché plus compliqué qu’il n’y paraît
En théorie le marché des changes paraît simple : on achète une devise avec une autre, et on revend lorsque cette monnaie a prit le dessus par rapport à une autre. Dans la configuration la plus simple, un investisseur achète 1 € avec 1,22 $ et attend que le dollar baisse par rapport à l’euro, c’est-à-dire qu’il cote par exemple 1,25 $. Il rachète de la monnaie américaine avec son euro, et se retrouve donc avec un gain de 0,03 $.
Cependant des variations de cette ampleur n’arrivent pas tous les jours. Dans une journée les monnaies se détachent de quelques dixièmes de centimes, c’est sur ces valeurs que jouent les traders. En apportant des sommes colossales à chaque heure de la journée, un agent de change peut finir avec une plus-value intéressante, surtout s’il passe d’une devise à une autre.
Dans la même journée il va consacrer des centaines de millions d’euros à acheter des dollars pour les revendre en francs suisses, puis les échanger à la fin en yen japonais tout en en investissant une partie dans la livre sterling. Il reste encore à savoir dans quelle direction vont évoluer toutes ces monnaies, et force est de constater que dans la majeure partie des cas il s’agit d’un jeu de devinette. Les devises ne sont donc pas conseillées pour démarrer en bourse.
Des outils pour acheter des devises avec de l’argent que l’on n’a pas
Les agents de change formés et aguerris au marché du Forex gagnent de l’argent, beaucoup d’argent. En particulier car ils utilisent des outils développés par des traders ayant très certainement perdu le sens de la mesure.
Le plus attractif mais également le plus dangereux d’entre eux est l’effet de levier, appelé aussi le day trading, avec lequel il est possible d’engager ses positions pour des sommes jusqu’à 400 fois supérieures à celles que l’on possède. Par exemple, un investisseur mise 100 € sur une devise et gagne 5 % soit 5 €. Si l’effet de levier est 400, il gagnera 2000 €. À l’inverse, si la monnaie de destination a perdu de la valeur par rapport à sa monnaie initiale, il perd 2000 € alors qu’il n’en a investis que 100 €.
Comment l’utiliser ?
Cet effet de levier peut être utilisé avec des options binaires, c’est-à-dire en pariant sur de possibles résultats : une hausse ou une baisse. Dans cette configuration l’investisseur prend une paire de devises, par exemple le dollar et le yen. Puis il fait un pari, par exemple que la monnaie japonaise va augmenter de 0,3 % par rapport à la monnaie américaine, dans un laps de temps donné. Il peut également utiliser des CFD (Contract for Difference), qui lui permettent de gagner ou de perdre la différence entre le cours d’achat et de vente.
Avec de tels outils les gains peuvent être astronomiques, mais les pertes aussi et c’est précisément ce qui arrive dans la journée d’un trader professionnel et averti.
Les cadors du Forex ne gagnent « que » 16 %
Le magazine capital.fr lance tous les ans un championnat de devises et de métaux précieux. Les candidats s’affrontent à travers une plate-forme de trading en conditions réelles, à l’aide de logiciels boursiers, et le gagnant est celui qui a dégagé le plus de bénéfices.
À chaque fois son nouveau champion, celui de décembre a battu un record en générant une plus-value de 16,12 %. On est loin des quintuples gains annoncés sur les plates-formes de trading. En 2e position arrive un candidat ayant réussi la performance de gagner 13,91 %, tandis que la 3e marche du podium revient à une spécialiste des devises qui a gagné 13,35 %.
Pas si loin derrière, l’un des meilleurs français du classement se trouve 55e, pour avoir engrangé 10,98 % en 1 mois. Pour en arriver là ces champions du marché des devises ont gagné et perdu de nombreuses fois au cours des 30 derniers jours.
Lorsque l’on y regarde de plus près, 1000 € investis avec 10 % de bénéfices par mois donnent un capital de 3138 € à la fin de l’année, soit le triple de l’investissement initial.
Oui mais pour en arriver là il faut bien s’y connaître, à moins de tricher. C’est ce qu’a fait la banque d’affaires JP Morgan, et qui lui a coûté très cher.
Un marché des devises qui attire bien des convoitises
Les autorités financières américaines et anglaises ont réussi à prouver que 6 grandes banques se sont entendues entre elles pour jouer certains volumes sur certaines devises, afin d’influencer le marché du Forex. Parmi elles, se trouvait JP Morgan qui s’en est sorti avec une amende d’1 milliard de dollars en novembre 2014, plus 100 millions de dollars supplémentaires à verser à des investisseurs institutionnels. Et ce n’est pas fini, d’autres régulateurs vont venir lui faire les poches.
Il faut savoir que jouer une masse d’argent phénoménal sur une devise n’est pas un délit, en revanche s’entendre avec d’autres banques concurrentes pour qu’elles fassent de même afin d’influencer le reste des investisseurs, en est un.
Auriez-vous prévu les principales variations ?
Au début de l’année 2015 l’euro est au plus bas par rapport au dollar depuis 9 ans. Alors que pour une unité de monnaie européenne on obtenait 1,3 unité de monnaie américaine au début de l’année 2014, désormais on n’en obtient que 1,17. Cela n’empêche pas l’euro de rester stable par rapport au franc suisse, et de prendre une encore plus forte claque contre le yen.
Si vous n’aviez pas prévu tout cela, vous avez plus qu’intérêt à suivre des cours de Forex. Les variations des monnaies par rapport aux autres restent plutôt imprévisibles, même les grands spécialistes s’y avancent avec prudence.