Le taux qui vient d’être révisé va-t-il sonner le glas du plan d’épargne logement ? En effet, au 1er aout, celuci passe à 1%, ce qui peut constituer une barrière pour l’épargnant : à quoi cela sert-il de continuer à mettre de l’argent de côté sur un PEL alors qu’il ne rapporte presque plus rien ? Sauf qu’il ne s’agit pas d’un placement comme les autres, et qu’il faut voir plus loin. Ce n’est pas un livret A ni un LDD. Le but est d’épargner dans l’optique de faire un achat immobilier dans les années à venir. Ces économies vont servir à obtenir un prêt à bon taux. Le changement c’est maintenant : décryptage.
1% de rendement : la mort du PEL ?
Pour l’épargnant, voir les taux baisser, ce n’est jamais très agréable. Sauf que pour les anciens, ceux qui ont déjà leur plan ouvert, rien ne change, ils conservent leur taux jusqu’à la fin. C’est le principe de ce placement un peu particulier. Le nouveau, celui qui va signer à partir du 1er aout va donc le faire en connaissance de cause.
1%, c’est vrai, c’est moins sexy que 4 ou même que 2%. Mais c’est déjà plus que le livret A et que beaucoup de livrets bancaires. Et puis, la baisse n’est pas si importante que cela : on parle de 0,5% depuis la dernière mouture.Les 1,50% n’auront pas fait long feu.
Rester vigilant
Ce qu’il faut regarder avec attention, ce sont les contreparties, celles qui font dire à l’épargnant qu’il n’a pas fait forcément une mauvaise affaire. Car le nerf de la guerre dans cette histoire, c’est le taux du crédit immobilier.
Il va perdre 1/2 point par rapport aux 2,7% qui étaient en vigueur avant aout. Il ne faut donc pas voir la baisse du taux d’épargne comme une mauvaise nouvelle, mais juste comme un écueil parmi tant d’autres.
Des taux qui battent des records à la baisse
Nos parents qui ont achetés à 18% pensent rêver quand ils voient qu’un jeune couple peut maintenant obtenir un taux de 1,30% sur 15 ans hors assurance. C’est pourtant la moyenne qui est aujourd’hui constatée dans les meilleures banques. On pourrait donc se dire qu’on a que faire du taux privilégié du crédit du PEL, qui passe à 2,2%.
Sauf que les records ne sont pas fait pour durer, et qu’on va forcément revenir à court ou moyen terme à un taux plus « normal ». Les 2,2% seront alors un très bon deal pour celui qui aura su anticiper un retournement du marché du crédit. Faites le compte : nous sommes passés de 4,20 à 2,20 en deux ans.
Jouer à qui perd gagne
Ceux qui veulent acheter une maison à ce jour, ou un appartement, n’ont, c’est vrai rien à gagner avec leur PEL (hormis l’épargne qui y a été constituée à bon rendement).
En effet, les taux proposés dans le cadre du plan sont pour l’instant hors du marché, et même au delà de l’usure ! Mais quand les prêts vont repartir à la hausse, la reprise risque d’être fulgurante, et il ne s’agirait pas de rester sur le carreau. Les 2,20 pourraient alors redevenir très vite compétitifs.
A ne pas oublier : la prime associée au crédit
On a tendance à faire comme si elle n’existait pas. Mais pour les futurs acquéreurs, elle n’a rien d’anodin. Quand on souscrit le prêt lié au PEL, l’état verse une prime. Pour un plan qui est au taquet de ses possibilités, elle se monte à 1525 euros.
Cette prime, et cette baisse des taux nous font dire que la version 2017 du PEL est meilleure que la précédente. Ce sont les banquiers qui vont être content : ils vont avoir encore des arguments pour en placer à leurs clients.
Des conditions d’ouverture qui ne changent pas
Si une révision des taux d’intérêts est en cours, rien ne bouge pour celui qui voudrait se lancer dans l’univers impitoyable du PEL.
Le minimum à déposer reste donc de 225 euros, et l’alimentation doit se faire à hauteur de 540 euros par an.
Chacun est libre de verser cette somme en une fois, ou de la fractionner, en 2, 6 ou 12 fois. Cette liberté permet donc de s’adapter à ses rentrées d’argent.
Les conditions
Le PEL doit rester en l’état au moins 4 ans. Cela signifie qu’il faut continuer à l’abonder pendant cette période, mais qu’il ne faut y faire aucun retrait. Si pour une raison ou pour une autre on devait être obligé de retirer de l’argent, cela aurait pour conséquence immédiate la clôture du plan.
Les dommages collatéraux seraient sans doute des pénalités à payer, en fonction de la date du retrait (et donc de la clôture). Pendant 10 ans, le souscripteur a la possibilité d’y épargner. Après cette décennie de bons et de loyaux services, on ne peut plus rien y placer, seuls les intérêts continuent de tomber encore pendant 5 ans.
La durée de vie totale d’un PEL sera donc de 15 ans au maximum. Et pendant toute cette durée, le taux restera le même, année après année.
Peut-on encore parler d’intérêts ?
Un sous est un sou comme disait mon grand-père. Cela dit, un pour cent, ça ne va pas chercher très loin, et un peu avoir l’impression de toucher des miettes. Mais la différence avec celui qui a eu la « chance » de souscrire à 2 ans sera infime au bout du compte.
Si vous cherchez le rendement, c’est certain, c’est ailleurs qui faut aller : ouvrir une franchise, acheter des bitcoins, acheter pour louer à Paris, trader des devises… Les possibilités de gagner un peu plus existent, à condition de ne pas avoir peur de prendre des risques. Mais si c’est pour avoir la boule au ventre à longueur de journée, ce n’est pas trop la peine pour quelques euros de plus.
Pouvons nous donc encore raisonnablement conseiller l’ouverture d’un plan d’épargne logement ? La réponse risque de surprendre : et bien oui ! Une condition toutefois : avoir un projet d’achat, afin de ne pas épargner dans le vide.
Si au final celui-ci ne devait pas voir le jour, il serait toujours possible d’utiliser l’argent pour autre chose, pour s’acheter une voiture neuve par exemple (au lieu de faire un crédit à la consommation pour cela). Et puis, avec la mise en place d’un virement automatique de 45 euros, rien de plus simple à gérer qu’un PEL.